Les Souvenirs de César

Direction Messages : 577 Date d'inscription : 02/08/2010

Sommaire

souvenir trouvé par Koro

souvenir trouvé par Honorine

Direction Messages : 577 Date d'inscription : 02/08/2010

Citation :: « 1ère Session – 1er Jour»
« Appelez moi César »

Nous avions gagné. La Clef était à nous. Et c’était grâce à moi.

Je me souviens des cris, des rires, des bousculades provoquées par l’effervescence de la joie. Mon équipe venait à ma rencontre alors que je sortais de l’Arène, agrippant fermement dans mes mains une clef dorée. La première Clef du jeu. Notre première Clef. En bon joueur, j’avais serré la main de mon adversaire. Il avait perdu de peu. A une seconde près, il aurait pu gagner. Il a souris et m’a félicité. Il ne me tiendrait pas rigueur d’avoir eut cette Clef à sa place. Nous étions bons joueurs.

Nous étions arrivés en fanfare au réfectoire. L’ambiance était bonne enfant et tous les enfants présents fêtaient le héros du jour. Le héros, c’était moi. C’était moi qui avais gagné le premier défi de la colonie et cet acte me conférait une notoriété nouvelle. La veille encore, je n’étais personne. A présent, on m’acclamait et on louait mon courage.

Des verres de jus de pomme s’entrechoquaient alors que mes nouveaux amis buvaient à la victoire. Les Romains avaient remporté la première Clef. Les Romains gagneraient. Tout le monde souriait dans le Réfectoire, même l’équipe qui venait de perdre le Défi. Ils avaient le temps de se rattraper. Après tout, ce n’était que le premier jour.

« Tu me fais penser à un général romain qu’on voit dans les livres d’histoires ! »

Les mots avaient été lancés par un jeune garçon à l’air jovial dont le nom m’échappait. Déjà, les camarades le pressaient d’en révéler davantage à ce sujet. Le garçon en question continua. « Il s’appelle César, il est célèbre parce qu’il a gagné tout plein de batailles. »

Je me souviens de la mine perplexe que j’ai du avoir. Je ne connaissais pas César, il ne faisait pas partie de mes références. De toute façon, dans cette étrange colonie, personne ne semblait venir du même endroit, personne ne connaissait les mêmes choses. Ce fut un éclat de voix pur et limpide qui me décida à sourire.

« Ca sonne bien…César… » c’était une jeune fille qui avait dit cela
d’un ton rêveur. Elle avait de grands yeux verts et ses cheveux bruns tiraient sur le roux. Elle avait cet air gentil qui vous fait supposer que vous vous entendrez immédiatement avec elle. Et son sourire faisait rayonner son visage.

« Alors va pour César ! Appelez moi ainsi désormais ! » avais-je déclaré d’une voix tonitruante.
Elle avait raison, César, ça sonnait plutôt bien à mieux y réfléchir.

Direction Messages : 577 Date d'inscription : 02/08/2010

Citation :: « 1ère session – 30ème jour»
« Fin »

C’était la fin. Je n’y croyais pas. Le mois était passé tellement vite… La veille encore, nous avions fêté la victoire des Romains. Ma victoire. Mais elle avait un goût amer. Nous n’aurions pas dû gagner, j’avais triché. Le mot paraissait irréel et pourtant ses prunelles assassines étaient là pour me le rappeler. Tout s’était terminé si vite.

Le soleil rayonnait sur la colonie, une brise parfumée soufflait sur nos domaines et nos bracelets nous répétaient inlassablement de nous diriger vers l’Aérostade. J’avais dit au revoir à tout le monde et prétextais quelques affaires à ranger pour pouvoir m’attarder plus longtemps dans mon domaine, le temple des Romains. Mais ma décision était prise. Je ne partirais pas. Ma véritable place était ici, dans la colonie. Nul ne pouvait m’obliger à la quitter. Il suffisait que je ne rejoigne pas les autres dans l’Aérostade. J’avais baissé le volume de mon bracelet au minimum pour ne plus entendre la petite voix agaçante me répéter de rejoindre l’Aérostade. Et j’avais attendu. Longtemps. Une heure, peut être deux.

Je me suis décidé à sortir du temple et j’ai arpenté l’Allée du Rendez Vous déserte. Tout était calme, silencieux. Le vent soulevait des volutes de poussière au-dessus des vieux pavés sur lesquels claquaient mes souliers. Mes pas me conduisirent sur la place centrale. Et je m’aperçus que je n’étais pas le seul à être resté.

« Darius ! Qu’est-ce que tu fais ? Les autres sont déjà partis ! »

Le garçon tourna la tête vers moi et je pus aisément reconnaître le Roi des Perses qui avait été l’initiateur du Projet Troc. Il était pour l’heure assis par terre, fixant sa boutique. Je me souviens avoir souri. Cette boutique représentait tellement pour lui, elle en était à ses balbutiements alors, représentait l’aboutissement du Projet Troc.

« Je sais. Je reste. Toi aussi ? »

Sa réponse ne m’étonna presque pas. Darius, dont le vrai nom m’avait échappé à force de continuellement l’appeler par son pseudonyme, était au moins autant attaché que moi à la Colonie, et plus encore à sa boutique.

« Oui » avais-je précisé d’un ton déterminé.

Je m’assis à côté de lui et nous nous mîmes à parler du mois écoulé. A échanger nos souvenirs, nos aventures, à se demander ce qu’il nous arriverait par la suite. Le soleil déclina et peu à peu le ciel se teinta d’orange. Tout ressemblait à une journée normale. Nous attendions le changement, la fin du rêve, mais elle ne venait pas.

C’est alors que le message de nos bracelets changea. La voix mécanique nous demandait à présent de nous diriger vers la Rêverie. Après avoir échangé un regard interrogateur, nous nous relevâmes et prîmes la direction du Centre, les mains dans les poches, pensifs à l’idée de ce qui allait se passer.

Nous avons rampé à quatre pattes dans le tunnel, Darius était passé avant moi et de l’extérieur je l’ai entendu s’exclamer un prénom.
Je me souviens de son regard, lorsqu’elle m’a vu. De son ton haineux lorsqu’elle me demanda ce que je faisais ici. Darius a dû jouer au médiateur, car sans lui nul doute que nous en serions venus aux mains.

Tous les trois, dans la Rêverie, nous avions décidé de rester dans la colonie. Nous nous attendions à tout. Mais pas à être changés en animaux…

Direction Messages : 577 Date d'inscription : 02/08/2010

Citation :: 1ère Session - 28ème Jour
« Une promesse »

« Mais où tu m'emmènes ? »

Le souffle léger d'un rire effleura la peau de son cou, fit naître un frisson le long de sa colonne vertébrale. Une mèche de cheveux lui chatouilla la nuque tandis que deux petites mains fraîches se posaient sur chacune de ses épaules, et il sentit que la fillette qui se tenait derrière lui se penchait en avant.

« Tu verras, je t'ai dit ! Mais n'ouvre pas les yeux pour l'instant, c'est une surprise. On arrive bientôt, promis. »

Un grommellement. César accepta d'un signe de tête, posa docilement ses paumes sur ses yeux pour prouver sa bonne foi et se remit en marche.

« Mais tu vas te cogner comme ça ! Attends, je vais t'aider. »

Cléopâtre lui attrapa le coude et l'entraîna en avant, le guidant à travers son propre Domaine. Le garçon se perdit rapidement dans le dédale de la Pyramide ; seuls les bracelets des Égyptiens libéraient des informations sur le plan de cette partie de la colonie, et il aurait été bien en peine de retrouver la sortie si la jeune fille l'abandonnait. Mais il savait qu'elle ne le laisserait jamais tomber. Les minutes s'écoulèrent, et les multiples virages et ascensions d'escaliers à l'aveuglette imposés par le trajet avaient fini par donner le tournis au pauvre garçon.

« Tadaaam ! Tu peux ouvrir. »

Cette déclaration lui tira un soupir de soulagement, et il cligna des paupières, tentant de discerner quelque chose dans l'obscurité. Ils se trouvaient dans une petite pièce close et poussiéreuse, sans mobilier. La fillette, un large sourire plaqué sur les lèvres, lui confia la torche, leur unique source de lumière ; elle s'accroupit, tâtonna par terre, puis s'arcbouta pour ouvrir difficilement une trappe dissimulée dans le plancher.

César ouvrait de grands yeux stupéfiés, en oubliant de respirer, comme hypnotisé par les gestes gracieux de Cléopâtre. Il se doutait qu'un événement important allait se jouer devant ses yeux. L'égyptienne extirpa difficilement un lourd coffret de la cachette et prit délicatement l'objet entre les mains. Les deux enfants se faisaient désormais face, les yeux dans les yeux, et un silence solennel se fit. Dans l'éternel regard pétillant de malice de sa camarade, César lisait une tendresse et une détermination qui accélérèrent son battement cardiaque.

« Promets-moi de ne rien dire à personne de ce que je vais te montrer. »
« Tu sais très bien que je ne te ferais jamais une... »
« Jure-le. »
« D'accord, d'accord ! Au nom de notre amitié et de mon honneur, je te promets que je ne dirai rien. »

Cléopâtre sourit doucement. Puis elle sortit une petite clef rouillée de sa poche et ouvrit le coffret, exposant à son ami un amas de Clefs impressionnant, tel qu'il n'en avait jamais vu. Il écarquilla les yeux. Avec ça, il pourrait... Il en avait le vertige. Sa respiration s'accéléra.

« Elles y sont toutes. Les Clefs des Égyptiens. Soixante huit. » César ouvrait la bouche, mais elle le devança : « Il... Il fallait que je te dise. Parfois les mots ne suffisent pas. Je voulais te dire à quel point tu comptes pour moi. Et combien j'ai confiance. » Une pause, une paire d'yeux brillants dans la pénombre. « N'oublie pas. Tu as promis. »
« Tu sais très bien que je ne trahis jamais mes promesses. »

La fillette rit, et elle posa tendrement ses lèvres sur sa joue.

« Je sais. »